Diane Vautour,
Enseignante en histoire
Diane Vautour est une enseignante en histoire qui compte 20 ans d’expérience dans ce domaine. Elle enseigne actuellement dans une école secondaire publique exclusivement féminine relevant du Toronto Catholic District School Board. Les élèves de son école sont majoritairement blancs, mais ils se sont diversifiés ces dernières années, avec un nombre croissant d’élèves philippins. Enseignant dans une école exclusivement féminine, Diane met l’accent sur les jeux de rôle et les simulations pour examiner les événements historiques du point de vue des femmes et d’autres groupes marginalisés. Dans le contexte d’une école catholique, Diane intègre également des discussions sur le catholicisme en insistant sur le développement du caractère et la citoyenneté active. Diane s’efforce d’intégrer l’histoire catholique dans le récit plus large de l’histoire canadienne.

Loretto College School
Toronto, Ontario

Engagement civique
Diane dirige un programme appelé Initiative Canada Jeunesse et philanthropie, qui a pour but d’inciter les élèves à l’action civique. Ce programme invite les élèves à étudier les problèmes sociaux de leur ville, à nouer des liens avec des organismes de bienfaisance locaux et à défendre des causes qu’ils jugent urgentes. Pendant quatre mois, les élèves étudient les problèmes sociaux, examinent les causes historiques et s’associent à des organisations locales. Ils présentent ensuite leurs conclusions et concourent pour obtenir des subventions pour les organismes de bienfaisance qu’ils ont choisis.
Diane explique la portée de ce projet : « Pour certains élèves, c’est difficile, mais c’est comme s’ils pouvaient parler aux gens qui font le travail. Ils peuvent aller visiter un organisme de bienfaisance ou une organisation et voir la réalité de la ville. »
Dans ses cours d’histoire, Diane s’attache à responsabiliser les élèves, en particulier les jeunes femmes et les nouveaux arrivants, en mettant l’accent à la fois sur les grands événements historiques et sur des histoires plus modestes et réalistes. L’objectif est d’aider les élèves à comprendre leur potentiel en tant que « faiseurs d’histoire » et à développer leur « agentivité historique ». Diane souligne l’importance d’enseigner aux élèves la dynamique et les privilèges du pouvoir, en encourageant ceux qui bénéficient d’avantages à devenir de véritables alliés. En établissant un lien entre les tendances historiques et l’engagement civique actuel, elle espère inciter les élèves à reconnaître leur rôle dans le façonnement de la société et à agir sur les questions qui leur tiennent à cœur.

Pensée historique
Diane parle de son approche pour enseigner la pensée historique en soulignant l’importance de comprendre les différentes perspectives et d’éviter le présentisme. Elle décrit une leçon favorite qui invite les élèves à analyser les diverses réactions à la Première ou à la Seconde Guerre mondiale à partir de différents points de vue. Elle explique : « J’essaie d’enseigner aux élèves les réactions des gens à la guerre. J’essaie d’en obtenir une grande diversité à l’échelle régionale et sur les plans linguistique, du genre, du sexe, du pouvoir et de la classe socio-économique, comme tous ces types de réactions, que ce soit à la Première ou à la Seconde Guerre mondiale. »
Dans cette leçon, les élèves examinent des sources primaires telles que des articles de journaux ou des entrevues, en procédant à une analyse de la vision du monde pour comprendre le point de vue des personnages historiques. Diane commence l’activité en demandant aux élèves d’analyser les commentaires des bulletins scolaires, en les encourageant à prendre en compte la vision du monde et les croyances de l’enseignant en matière d’éducation. Elle applique ensuite cette approche à des contextes historiques, en demandant aux élèves d’interpréter les réactions à la guerre de différents points de vue, comme « un enfant d’un village par rapport à quelqu’un qui vit à Toronto et dont les parents sont britanniques et ont combattu pendant la guerre des Boers ».
Diane souligne l’importance de comprendre le contexte historique pour éviter les critiques simplistes ou le présentisme. Elle précise : « Il ne s’agit pas de l’approuver. Mais il arrive que l’on se mette à critiquer sans contexte. Et puis nous tombons dans le présentisme. C’est alors que l’on se rend compte que l’on ne réfléchit pas vraiment à l’histoire. »

Connaissances autochtones
Diane a dirigé la rédaction du programme d’études révisé de l’Ontario en 2018, qui intègre les attentes des Autochtones, et elle réfléchit à sa position unique : « J’ai été embauchée et lorsque je suis entrée dans la salle, je me suis demandé pourquoi c’était moi qui rédigeais ce document, mais c’est uniquement parce que j’avais de l’expérience en rédaction et que j’étais la seule personne blanche de l’équipe. »
Malgré sa vaste expérience en matière d’élaboration de programmes d’études, Diane reconnaît les limites de sa pratique en classe. Elle note que si l’histoire autochtone constitue une part importante de son enseignement dans divers cours, les possibilités d’apprentissage par l’expérience, telles que l’éducation inspirée de la terre ou le travail avec les aînés, font encore défaut dans son contexte.
Elle observe également que l’approche de son conseil scolaire en matière d’éducation autochtone « semble être encore symbolique », se limitant souvent à des conférenciers invités occasionnels. Toutefois, elle a intégré des projets tels que « Projet du cœur » et organisé des excursions dans d’anciens pensionnats pour sensibiliser les élèves aux questions autochtones.
Cocréé par Diane Vautour et Christine Cheng