Kara Wickstrom-Street,
Enseignante en études sociales au palier secondaire
Kara, qui exerce la profession d’enseignante depuis 23 ans, enseigne l’histoire, la géographie et les enjeux mondiaux aux élèves de la 9e à la 12e année. Elle enseigne au Collège Miles Macdonell Collegiate, école secondaire de taille moyenne qui accueille environ 1 400 élèves à Winnipeg, au Manitoba. Située dans un secteur urbain, mais pas dans le centre ni en périphérie de la ville, l’école de Kara est très diversifiée en raison des programmes spécialisés qui y sont offerts et des changements démographiques survenus au fil des années. En plus des programmes scolaires réguliers, le Collège Miles Macdonell Collegiate offre un programme d’immersion en français et, jusqu’à l’année dernière, le programme de baccalauréat international. Ces programmes attirent un grand nombre d’élèves de l’extérieur de l’aire de recrutement du collège. Depuis son entrée en fonction dans cette école, Kara a vu le profil démographique évoluer avec l’arrivée d’élèves provenant des quatre coins du globe, y compris de zones de conflit comme la Syrie et l’Ukraine.
Collège Miles Macdonell Collegiate
Winnipeg, Manitoba
Programme-cadre et ressources
Il peut être délicat pour Kara de sélectionner le contenu le plus utile et pertinent pour le groupe diversifié d’élèves de sa classe, compte tenu surtout de la variété de sujets inclus dans le programme-cadre provincial.
Au Manitoba, les élèves de 11e année doivent suivre un cours sur l’histoire du Canada qui va de la préhistoire à nos jours. Kara reconnaît que la tâche de planification de ce cours peut paraître intimidante, ajoutant : « Je suis limitée par le dilemme que représente cette énorme quantité d’information et l’obligation de choisir ce que je vais enseigner et ce que je vais devoir laisser de côté. Le problème vient du fait que, dès qu’on exclut des choses, il faut se demander à qui appartient l’histoire qu’on laisse de côté. C’est moi qui choisis. C’est une grande responsabilité. Il y a là beaucoup de pièges potentiels ».
Ce dilemme pèse sur Kara parce qu’elle tient à ce que les élèves puissent se reconnaître dans le programme d’histoire.
« Mon école offre une très bonne représentation de la société canadienne, déclare Kara, et le profil des élèves va nécessairement influencer notre manière d’enseigner l’histoire, car nous voulons nous assurer qu’ils se sentent tous représentés. Nous nous assurons d’inclure divers points de vue, d’inclure des récits de différents groupes de personnes dans l’histoire du Canada, pas seulement un récit eurocentrique dominant. L’une des limites tient au fait qu’il y a beaucoup trop de matière. »
Kara relève ce défi en veillant à inclure l’histoire des groupes marginalisés, notamment les immigrants, les femmes, la communauté 2ELGBTQ+ et les peuples autochtones. Elle utilise également les méthodes d’apprentissage par enquête et par projet pour donner aux élèves la possibilité de faire des choix dans leur apprentissage.
Comme elle l’explique, « notre section veut s’assurer que nous racontons beaucoup d’histoires variées, puis que nous donnons aux élèves la possibilité d’approfondir les sujets qui les intéressent en réalisant des enquêtes et des projets. Il y a des choses que nous apprenons en classe, mais nous donnons aussi aux élèves la possibilité d’approfondir les sujets qui les intéressent ».
Enseignement et apprentissage
Lorsqu’elle enseigne l’histoire du Canada, Kara a notamment comme objectif de faire passer ses élèves de la salle de classe à la communauté, par exemple en visitant les sites historiques et les musées de la région, ou en exposant les élèves à l’histoire des soldats locaux qui sont enterrés loin de chez eux.
Kara souligne l’importance de faire sortir les élèves de la salle de classe, ajoutant que « le fait d’être quelque part et de pouvoir voir et faire quelque chose est différent du fait d’être assis dans une salle de classe. On peut essayer autant que l’on veut dans une salle de classe, mais il fait chaud et il y a beaucoup de monde. J’ai 30 enfants, on peut à peine bouger les coudes ».
Kara est enthousiasmée par les diverses occasions d’apprentissage présentes dans les communautés de Winnipeg, dont les musées et les monuments dédiés à Louis Riel et la grève générale de Winnipeg, ainsi que le Musée canadien des droits de la personne. Kara intègre le plus grand nombre possible de ces sites communautaires dans son enseignement et constate l’effet important de ces visites sur la compréhension de l’histoire par ses élèves.
La passion de Kara pour les expériences d’apprentissage au sein de la communauté est palpable lorsqu’elle décrit la façon dont elle met les élèves en contact avec les histoires des soldats locaux qui sont morts durant les guerres mondiales. Dans le cadre d’un projet, Kara a enseigné à ses élèves comment utiliser les archives de la Première Guerre mondiale pour faire des recherches sur la vie des soldats tombés au combat. Chaque élève a créé un écusson contenant des renseignements sur la vie d’un soldat local, qui a ensuite été intégré à une immense courtepointe faite d’écussons similaires, aujourd’hui exposée dans la bibliothèque de l’école.
Comme l’explique Kara, le projet « prend un fait qui date de 100 ans auquel les élèves ne sentent pas nécessairement liés et les aide à créer des liens avec cette histoire ».
Kara ajoute que le projet aide tous les élèves à mieux comprendre leur communauté, qu’ils vivent à cet endroit depuis longtemps ou non. « Même si mes élèves sont des nouveaux arrivants, cette histoire fait partie de leur communauté et de l’histoire de l’endroit où ils vivent, et cela crée un attachement. En apprenant ce que les jeunes d’autres générations ont vécu, ils peuvent créer des liens. »
Cocréé par Kara Wickstrom-Street et Kevin Lopuck