Angie Waite,
Enseignante au niveau primaire

Angie Waite a enseigné diverses matières de la maternelle à la 8e année au cours de ses huit années de carrière. Elle enseigne dans une école de banlieue à Winnipeg, au Manitoba. Environ 450 élèves fréquentent l’école de la maternelle à la 8e année d’Angie. Le personnel enseignant et les élèves sont majoritairement blancs et issus de la classe moyenne. Cependant, l’école attire un nombre croissant d’élèves étrangers, en particulier de la Chine. De nombreux élèves étrangers arrivent au milieu de l’année scolaire, ce qui, comme l’a indiqué Angie, oblige les enseignants et les élèves à faire preuve de souplesse et d’adaptabilité en accueillant les nouveaux élèves à des moments différents. Contrairement à de nombreuses écoles, l’école d’Angie regroupe les élèves dans des classes multi-âges et multi-niveaux, de sorte que les enseignants ont généralement des élèves de deux niveaux en même temps dans leurs classes.

Winnipeg, Manitoba

Programme-cadre et ressources 

Le fait d’enseigner dans une classe d’école primaire multi-âges et multi-niveaux donne à Angie, qui a une formation en anthropologie et en histoire, de nombreuses occasions d’utiliser une approche pluridisciplinaire avec beaucoup de recherches de la part des élèves.

« Je suis dans un contexte où j’enseigne toutes les matières, et j’intègre donc les études sociales à toutes les autres matières. Je pense que beaucoup d’autres enseignants au niveau primaire enseignent chaque matière séparément, mais mon approche me permet de faire beaucoup d’apprentissage transversal et d’apprentissage par enquête », a expliqué Angie. 

Par exemple, Angie a décrit les leçons qu’elle a élaborées dans le cadre du Festival du voyageur de Winnipeg, une célébration des histoires et des cultures des francophones, des Métis et des Premières Nations du Manitoba. Comme Angie l’a expliqué, elle a élaboré des leçons transversales et des leçons d’enquête sur le thème de la ceinture fléchée, une écharpe colorée portée par les voyageurs canadiens-français au début du XIXe siècle. Angie utilise cet objet non seulement pour enseigner l’histoire, mais aussi pour enseigner les mathématiques par l’étude des motifs de l’objet, ainsi que la musique, la langue et la culture en y associant les chansons folkloriques des voyageurs canadiens-français.

L’approche transversale d’Angie est étroitement liée à la recherche. Comme elle l’a expliqué : « J’encourage beaucoup les élèves à se poser des questions dans ma classe. Nous faisons souvent un exercice où les élèves prennent un objet comme la ceinture fléchée et utilisent une technique de formulation de questions. Ils se demandent alors « qu’est-ce que je vois? » et s’appuient sur les questions des uns et des autres. ‘De quoi est-il fait? Comment est-il fabriqué? Où et quand a-t-on commencé à l’utiliser?’ C’est bien pour eux d’explorer un peu l’objet. »

Comme Angie enseigne souvent à chaque élève pendant deux ans dans le cadre de sa classe multi-niveaux, elle peut constater les avantages de l’apprentissage transversal et de l’apprentissage par enquête sur la métacognition des élèves au fur et à mesure qu’ils grandissent. Comme Angie l’a expliqué : « Je trouve que certaines des conversations que nous commençons en troisième année peuvent se poursuivre tout au long de la quatrième année. Et je pense que cela a des répercussions considérables sur les élèves plus âgés, car ils peuvent être d’une aide précieuse pour les élèves de troisième année, en particulier lorsqu’il s’agit d’apprendre comment accéder à l’information ou de connaître les routines du processus d’enquête. » 

Enseignement et apprentissage  

Alors que certains enseignants hésitent à aborder des sujets difficiles ou controversés avec leurs élèves, Angie intègre ce type de contenu de manière réfléchie dans son enseignement, car elle sait que ses élèves sont curieux du monde et qu’ils bénéficient de ses conseils.

L’histoire et l’héritage des pensionnats au Canada sont un sujet qui peut être difficile à enseigner aux élèves du primaire. Lorsque le gouvernement du Manitoba a récemment annoncé que le 30 septembre, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation (souvent appelée Journée du chandail orange) serait reconnue comme un jour férié dans la province, Angie s’est demandé s’il fallait aborder ce sujet si tôt dans l’année scolaire.

Comme elle l’a expliqué : « Je constate souvent qu’en septembre, nous parlons tout à coup des pensionnats alors qu’il n’y a que deux semaines que l’école a commencé. Je me suis d’abord demandée comment j’étais censée leur enseigner cela à cet âge. 

Au fil du temps, Angie a constaté que le contexte de sa classe multi-niveaux facilitait un dialogue continu et constructif sur les pensionnats avec les élèves. « Au cours des deux années, le récit de la Journée du chandail orange continue de revenir dans nos conversations, et j’ai l’impression d’être en mesure de construire cela au cours des deux années. Il faut beaucoup de temps pour vraiment approfondir ce sujet avec mes élèves », a souligné Angie. 

Angie engage également ses élèves dans des discussions sur d’autres sujets complexes qui sont souvent directement liés à des membres de la communauté et à des événements. 

« Ce printemps, l’un de nos administrateurs s’est connecté à Internet et a dit des choses très négatives sur la communauté 2SLGBTQIA+. J’en ai parlé en classe, et les élèves étaient très intéressés et indignés que quelqu’un puisse dire de telles choses », a ajouté Angie.

La volonté d’Angie de parler ouvertement et à un niveau approprié avec ses élèves du primaire les aide à comprendre que poser des questions et parler de ses incertitudes sont une partie importante de l’apprentissage. 

Comme l’a expliqué Angie : « Je pense qu’une grande partie de mon travail consiste à essayer de trouver comment rendre l’information accessible à mes élèves, tout en montrant ma propre vulnérabilité et en montrant que je ne connais pas toutes les réponses. Je pense qu’il s’agit en grande partie de leur apprendre qu’ils se posent les mêmes questions que les adultes et d’ouvrir un espace où il est acceptable de poser ces questions. Certaines de ces choses sont un peu effrayantes pour ce groupe d’âge, mais ils méritent d’être informés. Ils veulent en savoir plus.

Cocréé par Angie Waite et Kevin Lopuck