Caitlin Humber 

Caitlin Humber enseignait à l’école primaire depuis sept ans lorsqu’elle s’est entretenue avec nous. Elle enseigne actuellement dans une classe à années multiples (2e/3e années) à l’École Clearbrook Elementary à Abbotsford, en Colombie-Britannique. Son école compte 19 classes, dont cinq en immersion française, et elle enseigne les matières suivantes à ses élèves : français arts langagiers, mathématiques, santé, anglais arts langagiers, sciences, études sociales, carrières et arts. Caitlin décrit sa communauté comme diversifiée, car elle comprend des personnes canado-asiatiques, indo-canadiennes, autochtones et francophones. Selon Caitlin, « dans le contexte de l’école, il y a beaucoup de célébrations religieuses et culturelles différentes », ce qui contribue à la diversité de la communauté. De nombreux élèves parlent d’autres langues à la maison. Les niveaux de revenus sont également très variés, et beaucoup de familles ont des problèmes financiers. Caitlin a souligné que « la diversité de la communauté la rend unique ». 


 École Clearbrook Elementary 
Abbotsford, Colombie-Britannique



Pensée historique 

Caitlin possède une solide formation en pensée historique et connaît bien des ouvrages tels que Les six concepts de la pensée historique de Peter Seixas et Tom Morton.

Pendant ses études universitaires en Ontario, Caitlin a étudié l’histoire et a pu mettre en pratique ce qu’elle a appris dans le curriculum d’études sociales de la Colombie-Britannique qu’elle enseigne. Elle a également obtenu une maîtrise en histoire de l’éducation autochtone, ce qui a influencé sa façon d’aborder l’enseignement de l’histoire avec ses élèves.  

Caitlin soutient l’accent mis sur la pensée historique dans le curriculum d’études sociales de la Colombie-Britannique et estime que « la plus grande force du curriculum est qu’il est vraiment conçu pour évaluer et enseigner les concepts de la pensée historique, plutôt que pour présenter une liste exhaustive de contenus. Je pense que c’est utile, car l’enseignement des compétences est vraiment ce que l’on veut que les enfants retiennent. » 

Elle accorde également de l’importance à la remise en question des récits traditionnels sur l’histoire du Canada en mettant l’accent sur les perspectives et les histoires autochtones. « J’essaie de ne pas me limiter aux récits traditionnels typiques du Canada ou de la région où nous vivons, et je m’efforce d’honorer les groupes autochtones de cette région, d’intégrer leurs points de vue et de mettre en avant ceux d’autres personnes. » Dans l’ensemble, la formation de Caitlin en histoire l’a aidée à concevoir des cours et des activités pédagogiques qui remettent en question les grands récits eurocentriques de l’histoire du Canada et prennent en compte les perspectives et points de vue différents reflétés dans la communauté. 

Des élèves construisent une maquette en 3D de Sema:th Xo:sta (lac Sumas) dans la forêt derrière l’école. Les élèves
ont utilisé la forêt pour visualiser à quoi ressemblait le territoire lorsque le lac était encore là. Image fournie par Caitlin Humber. 

Engagement civique

Caitlin se concentre sur l’enseignement de l’histoire locale afin d’aider les élèves à mieux comprendre l’histoire de la communauté dans laquelle ils vivent et à devenir des citoyens plus engagés. 

Les élèves de Caitlin ont étudié l’histoire du Semá:th Xo:tsa (lac Sumas), qui a été asséché et transformé en terres agricoles au début des années 1900.  

En utilisant cet exemple, Caitlin a enseigné à ses élèves comment les différentes vagues d’immigration dans la région ont transformé le paysage local. « Je parle du lac Sumas, qui est aujourd’hui la prairie Sumas, et j’explique pourquoi cette région est devenue une terre agricole et comment elle était utilisée auparavant par les groupes autochtones. ». Elle montre ainsi à ses élèves comment l’histoire est liée à leur vie actuelle.  

Caitlin a mis en place une activité unique dans le cadre de laquelle la classe crée des cartes de la région du lac Sumas. Elle explique : « J’ai travaillé avec les élèves à la création de cartes de la région qui est aujourd’hui une zone agricole, mais qui était autrefois un lac. Les communautés autochtones vivaient en quelque sorte sur la colline et utilisaient ce lac comme source de nourriture. Il y avait des poissons et plein de vie là-dedans, mais les immigrants européens l’ont asséché pour en faire des terres agricoles. » Cette activité a aidé ses élèves à réfléchir aux relations futures entre les membres des communautés autochtones et non autochtones. « Je pense que cela les a amenés à réfléchir à la manière dont ils peuvent façonner l’avenir », affirme Caitlin. 

Travail d’un élève illustrant le passé, le présent et le futur du lac Sumas. Image fournie par Caitlin Humber.

Connaissances autochtones

Caitlin est déterminée à enseigner à ses élèves l’histoire et les connaissances autochtones. « Je veux qu’ils comprennent que le territoire est important, qu’il occupe une place centrale dans l’histoire autochtone. J’essaie donc d’apprendre tout ce que je peux et de transmettre ces connaissances. Je ne considère pas vraiment que cela vient de moi, mais plutôt que cela passe par moi », dit-elle. 

Caitlin enseigne les connaissances autochtones à ses élèves parce qu’elle souhaite apporter un réel changement au Canada et dans sa communauté. Comme l’explique Caitlin : « J’essaie vraiment d’aller au-delà de l’histoire traditionnelle du Canada ou de l’endroit où nous vivons, et je m’efforce d’honorer les groupes autochtones de cette région et d’intégrer leurs points de vue, car c’est important pour moi de ne pas me limiter à mes propres perspectives ou à ce que je pense. » 

La maîtrise que Caitlin a obtenue récemment lui a permis d’approfondir ses connaissances sur les traditions et les connaissances autochtones. Elle s’est également engagée à nouer des liens avec les communautés autochtones locales afin de mieux enseigner l’histoire de celles-ci à ses élèves. 

Grâce à ses liens, Caitlin a pu découvrir des ressources pédagogiques qui vont au-delà du manuel scolaire. Cependant, trouver des ressources appropriées pour enseigner l’histoire des communautés autochtones locales est l’un de ses plus grands défis, car le manque de ressources « rend difficile de parler, par exemple, de la Première Nation Sumas, qui est directement touchée par ce lac particulier, et de son histoire ». 

Des élèves au lieu historique national du Canada Xá:ytem, marchant vers une maison semi-souterraine.
Image fournie par Caitlin Humber.

Cocréé par Caitlin Humber et Paul McGuire