Vincent Rivard,
Enseignant en sciences humaines

Après ses études à Montréal, M. Rivard s’est installé dans une petite communauté proche de Victoria en Colombie-Britannique afin d’y enseigner les sciences humaines dans une école francophone. L’école comporte deux bâtiments distincts et accueille 550 élèves de la maternelle à la douzième année. Il y enseigne, au niveau secondaire, depuis dix ans. Très peu d’élèves ont des parents qui sont nés et ont grandi où l’école est située, la plupart d’entre eux proviennent de l’extérieur de la province. L’école se trouve tout près d’une grande base militaire ; par conséquent, beaucoup d’élèves ont au moins un parent au service dans l’armée canadienne. Beaucoup d’entre eux ne restent que quelques années avant de s’installer ailleurs à la fin de leur affectation. La plupart des élèves sont francophones, mais parlent aussi couramment l’anglais. Certains viennent des banlieues, loin de la ville de Victoria, ce qui implique un long trajet en autobus scolaire pour se rendre à l’école. 

École Secondaire Victor- Brodeur
Conseil Scolaire Francophone, Colombie-Britannique


L’enseignement et l’apprentissage

Les approches pédagogiques et choix didactiques de M. Rivard sont fortement influencés par son identité et par les réalités vécues par ses élèves. Il explique que pour chaque groupe, il se renseigne sur les intérêts et les caractéristiques de ses élèves afin d’établir une connexion entre sa matière et leurs identités. De plus, le fait d’enseigner en français dans une école francophone située dans une ville anglophone et dans un environnement anglodominant influence considérablement le contenu de son cours et ses expériences en tant qu’enseignant. Il explique que « mes élèves viennent souvent d’un peu partout, ils n’ont pas nécessairement la conscience de pourquoi est-ce qu’il y a des écoles francophones dans l’ouest. C’est important. Donc j’essaie d’amener aussi des éléments de pourquoi est-ce qu’il y a des écoles, sur l’histoire des droits des francophones à l’accès aux écoles dans le reste du Canada ». Selon M. Rivard, c’est un privilège pour ses élèves de pouvoir fréquenter une école francophone et il croit que c’est le devoir de chaque élève de préserver les valeurs et la langue surtout lorsque ces écoles sont dans un milieu minoritaire.

M. Rivard admet qu’il enseigne ce qu’il croit être intéressant : « On enseigne aussi beaucoup, jusqu’à un certain point, les valeurs et nos passions ». Par exemple, sa passion pour la musique permet à M. Rivard de faire des liens avec la musique et les contenus du programme. Comme il le note, « au début de chaque cours, je vais présenter une pièce qui a souvent un lien avec ce qu’on voit ou ce qu’on a vu avec la période ou le contenu ». M. Rivard trouve que la clé pour être un enseignant épanoui est de travailler à partir de nos intérêts : « c’est de commencer par ce que tu connais, puis ce qui t’intéresse déjà. Comme partir de toi, puis tranquillement, d’étendre ce que tu sais, ce que tu présentes vers le contexte puis ce qu’il y a ici ». Comme il l’explique, cela permet aux élèves d’ainsi « graviter autour de nous ». 

Programme d’études et ressources

M. Rivard utilise de nombreux artéfacts comme outils pédagogiques dans sa classe. L’un de ces artéfacts est un briquet provenant du Vietnam pendant la Guerre froide. Il est écrit dessus: « We have done so much for so long with so little that now we can do anything with nothing forever ». Bien que ce briquet convienne parfaitement à ses cours sur le XXe siècle, M. Rivard estime que ce qui y est écrit « correspond bien aux réalités et aux défis qu’on a en salle de classe. On a pratiquement aucun matériel et on se débrouille comme on peut ». Bien que le curriculum soit relativement récent (2016-2017), le matériel lié au programme, comme il le dit, vient « un peu au compte-gouttes ; chaque année, on a d’habitude des ateliers, mais c’est à peu près tout ». Comme beaucoup d’enseignants d’histoire, ce qu’il enseigne dans sa classe est inspiré de ses propres recherches ici et là. Ce qu’il préfère enseigner est ce qu’il apprend du lieu où il enseigne et habite : « il y a beaucoup d’histoire locale qui est assez méconnue, mais qui vaut la peine quand même d’être apprise ». Par exemple, « il y a eu un moment, qui s’appelait The Vancouver Island War, qui était juste la période des [grèves dans les] mines de charbon vraiment intense qui a duré plusieurs semaines ; on n’en entend à peu près jamais parler, mais c’est vraiment un morceau intéressant ».  Le secret d’un bon enseignement se trouve donc selon lui dans le fait de prendre appui sur le curriculum tout en l’adaptant et en explorant les lieux qui se rattachent à l’école et au contexte local.