Charles Lévesque, Enseignant du secondaire
École Pierre-Dupuy
Montréal, Québec

Charles Lévesque est enseignant à l’école Pierre-Dupuy faisant partie du Centre de services scolaires de Montréal. Il enseigne principalement des cours aux élèves de secondaire 1 à secondaire 5 dans une petite école de quartier avec environ 350 élèves. L’école Pierre-Dupuy est située dans un quartier dit défavorisé. L’école, bien que petite, accueille une diversité d’élèves, y compris ceux du programme Arobas, un programme volontaire qui n’accepte pas les élèves sur la base des notes, ainsi que des élèves TSA. L’école offre également une section d’adaptation scolaire avec des classes pour les élèves de secondaire 1 à 4. La communauté scolaire est en évolution, avec un quartier qui devient de plus en plus diversifié. Les élèves du programme Arobas utilisent davantage de technologies et suivent une pédagogie par projet, contrairement aux autres classes régulières où l’enseignement est plus classique. Le contexte social et économique du quartier influence la réceptivité des élèves et la manière dont l’enseignant aborde l’enseignement de l’histoire, favorisant les discussions et le respect des divers points de vue.

Savoirs autochtones

Charles Lévesque intègre ses expériences en milieu autochtone pour enrichir l’enseignement de l’histoire, rendant les perspectives autochtones plus accessibles et crédibles pour ses élèves.

Ayant longtemps enseigné en milieu autochtone, Charles Lévesque a acquis une compréhension profonde et authentique des savoirs et perspectives autochtones. « Lorsque je parle des sujets autochtones, particulièrement en secondaire 3 et 4 où l’on aborde l’histoire nationale, les élèves me perçoivent avec une certaine crédibilité », explique-t-il. Cette crédibilité provient non seulement de son expérience, mais aussi de son aisance avec le sujet.

Les élèves ont souvent une version stéréotypée des autochtones, malheureusement péjorative. Lévesque constate une curiosité chez les élèves, bien que certains admettent ne pas s’y intéresser. Il s’efforce de faire comprendre la diversité des perspectives des Premières Nations, soulignant que leurs perceptions et parcours sont multiples. « Les perspectives des Premières Nations sont plurielles », insiste-t-il, ajoutant que cette pluralité est essentielle à reconnaître.

Lévesque utilise son contexte pour illustrer l’importance des territoires autochtones ancestraux, de leur occupation saisonnière des terres et des impacts démographiques des chocs microbiens des siècles passés. « Les Européens se sont souvent installés là où il y avait déjà des regroupements autochtones », précise-t-il, expliquant que des endroits comme Montréal étaient des carrefours naturels pour les échanges.

La formation en anthropologie et l’expérience de terrain en milieu autochtone ont façonné son approche pédagogique. Collaborant avec des enseignants autochtones et menant ses propres recherches, Lévesque tente de transmettre ces connaissances malgré les contraintes du programme scolaire. « J’essaie d’aborder un point de vue anthropologique, car c’est tout à fait logique », conclut-il, tout en soulignant les défis d’intégrer ces savoirs dans un contexte éducatif souvent limité.

Enseignement et apprentissage

À travers son enseignement de l’histoire, Charles Lévesque explore les intersections complexes des identités linguistiques et religieuses au Québec, particulièrement avant et après la Révolution tranquille.

Charles Lévesque met en lumière l’importance de comprendre les liens profonds entre la religion catholique et l’identité francophone au Canada. « Quand tu enseignes l’histoire du Québec et du Canada, la religion est intimement liée au développement ou au sous-développement ou à une forme de conservation de la communauté francophone », explique-t-il. Jusqu’aux années 1960, avec la Révolution tranquille, il était difficile de dissocier la religion catholique de l’identité des Canadiens français.

Lévesque souligne qu’avant la fondation du Canada, les élites de la couronne britannique et de l’Église catholique ont collaboré pour promouvoir l’idée d’impérialisme et maintenir une certaine hégémonie sur la population francophone.

L’ouverture sur le monde des années post-Seconde Guerre mondiale a permis à la population québécoise de s’ouvrir et de formuler des demandes différentes de ce que la fédération canadienne, très hégémonisante, lui avait offert jusqu’alors : une plus grande autonomie, une émancipation, et un plus grand contrôle, entre autres, sur l’immigration. Celle-ci a toujours servi à diluer le nombre de francophones. «Avant la Deuxième Guerre mondiale, quelqu’un qui n’était pas Québécois dit de souche, on lui parlait en anglais parce que c’était un étranger à cette culture  », note-t-il.

La Révolution tranquille a favorisé la démocratisation de la société. L’État québécois est devenu un acteur important de ce changement : la création de divers ministères, la prise en charge du système d’éducation, la mise en place de leviers économiques, et la laïcisation ont transformé le Canadien en Québécois. Au niveau international, la mise en place de maisons du Québec à l’étranger a permis une représentation voulue par l’État québécois. 

Cocréé par Charles Lévesque et Gabriel Masi