Ashley Tulugak,
Enseignante au niveau primaire
Ashley Tulugak a enseigné une grande variété de cours à différents niveaux scolaires depuis qu’elle est devenue enseignante en 2008. Elle enseigne actuellement deux classes homogènes de maternelle : l’une en anglais et l’autre en inuktitut. Elle enseigne à l’école Leo Ussak, une école primaire allant de la maternelle à la quatrième année, située dans l’inlet Rankin, au Nunavut. La plupart des 300 élèves de l’école primaire d’Ashley sont inuits, et seules les familles de quelques élèves sont originaires du sud du Canada ou ne sont pas autochtones. Ashley adapte son enseignement des langues à deux demi-journées différentes. Dans le groupe du matin, elle vise un enseignement à 70 % en anglais et à 30 % en inuktitut; l’après-midi, elle met l’accent sur l’inuktitut, en utilisant des techniques d’acquisition d’une seconde langue. Ashley note que la perte de l’inuktitut est importante dans sa communauté, ce qui a une incidence sur la façon dont elle aborde son enseignement.
Leo Ussak School
Rankin Inlet, Nunavut
Enseignement et apprentissage
Comme Ashley l’a expliqué, son identité multiraciale – inuk du côté de sa mère et suédoise, écossaise et anglaise du côté de son père – joue un rôle essentiel dans ses pratiques d’enseignement.
Pendant son enfance, Ashley a vécu dans plusieurs communautés du Nunavut. Cela lui a permis d’apprendre différents dialectes inuktitut dans d’autres communautés, de passer du temps sur le territoire dans différentes régions et d’apprendre une variété de traditions et de pratiques auprès de détenteurs du savoir et d’enseignants inuits.
« Mes enseignants intégraient beaucoup de culture inuite, de coutumes et d’enseignements locaux. Nous allions écouter une aînée qui nous racontait des histoires. Nous avons pu monter dans un attelage de chiens sur la banquise », a-t-elle précisé. Ces expériences mémorables « ont influencé le type d’enseignante que je suis », a ajouté Ashley. Le fait d’inclure une grande variété de pratiques inuites dans son enseignement « contribue à la créativité dont je fais preuve pour inclure la culture et la langue dans mes cours. »
Pour Ashley, la culture et la langue inuites sont au cœur de l’éducation, mais aussi de la communauté au sens large. Ashley a indiqué qu’elle et ses collègues enseignants inuits sont « les gardiens de la langue et du savoir ».
Selon Ashley, « nous perdons nos aînés, et il est temps que nous soyons responsables de la survie et de l’épanouissement de notre identité. » Par conséquent, Ashley « ne veut pas que les éducateurs inuits soient intimidés par le système et les processus coloniaux ». Ashley a pris de l’assurance et veille sur ses collègues inuits, car si un enseignant inuit est intimidé lorsqu’il s’agit d’introduire la culture et la langue à l’école, dit-elle, « cela peut vraiment vous affecter, personnellement ».
Connaissances autochtones
Ashley s’est engagée à intégrer les connaissances inuites dans sa classe, en donnant à tous ses élèves la possibilité d’apprendre les pratiques culturelles inuites, qu’ils y soient habitués ou non.
Ashley fait venir des membres de la communauté locale et des aînés dans sa classe pour l’aider dans son enseignement, ce qui permet aux élèves de bénéficier de possibilités d’apprentissage enrichies. Par exemple, pendant la saison de la chasse au phoque, Ashley explique : « Nous apportons un phoque fraîchement capturé, et un chasseur ou un aîné vient dépecer le phoque, puis nous faisons un festin avec la classe ».
Ces activités culturelles enrichissantes impliquent les familles et l’ensemble de la communauté, les réunissant pour créer des expériences mémorables. « Il est important d’inclure le mode de vie et les pratiques traditionnelles inuites dans mon cours, a expliqué Ashley. Les élèves imitent ensuite la démonstration. »
Ashley reconnaît que certains de ses élèves sont exposés à des aspects de la culture inuite, tels que la récolte de nourriture traditionnelle ou les festins, dans leur famille, alors que d’autres n’ont pas cette possibilité. Quel que soit leur point de départ, sa classe « leur donne l’occasion, en tant que groupe de pairs, de manger et d’apprendre ensemble », a indiqué Ashley.
En conséquence, Ashley constate que ses élèves sont « heureux de venir à l’école. Ils n’ont pas l’impression de travailler parce que la classe, notre école, est un lieu sûr où les élèves se sentent heureux d’aller. »
Cocréé par Ashley Tulugak, Kyle Raymond, et Dr. Heather McGregor