Thierry Desjardins,
Enseignant d’histoire
Depuis quatre ans, Thierry Desjardins est enseignant d’histoire à l’école privée Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, située à Montréal, au Québec. Il enseigne des cours d’univers social à des élèves de première, deuxième secondaire et troisième secondaire. L’école privée, nichée dans l’un des quartiers huppés de Montréal, est réservée aux filles. Elle accueille surtout des élèves issues de milieux aisés, entre autres, de familles canadiennes-françaises ou européennes. Cette homogénéité relative contraste avec la diversité multiculturelle habituelle de la ville. Dans ce contexte socioéconomique privilégié, ces élèves sont habituées à voyager, que ce soit pendant les vacances de Noël ou à d’autres moments de l’année. Les élèves arrivent au secondaire porteuses d’une culture générale et d’un intérêt pour l’international qui les distinguent. Ce bagage culturel enrichit les cours d’histoire d’une manière unique, une qualité moins observée ailleurs, souligne Thierry.
Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie
Montréal, Québec
Pensée historienne
Fort de sa formation en histoire ancienne, Thierry Desjardins privilégie une approche pédagogique qui encourage les élèves à cultiver une pensée critique en analysant des sources primaires contradictoires. En les incitant à réfléchir aux auteurs des sources et aux intentions de leur message, il les invite à s’engager dans une compréhension nuancée de l’histoire à travers des perspectives diversifiées.
Pour Thierry Desjardins, développer la pensée historienne de ses élèves passe par l’utilisation d’un éventail de sources variées, les engageant ainsi dans une démarche d’enquête historique. Desjardins considère que « l’histoire ne peut être pleinement enseignée sans l’utilisation de sources primaires qui se contredisent parfois ». Des sources qui interpellent les élèves et suscitent chez elles des questionnements sur ce qu’elles lisent. En effet, « c’est de leur montrer que la vérité absolue n’existe pas en histoire et qu’il reste des choses à découvrir aussi », souligne-t-il, en particulier dans l’histoire de l’Antiquité où les sources sont fragmentaires. Desjardins engage ses élèves dans une activité captivante sur l’assassinat de Jules César, où il leur présente une gamme de sources primaires comme les écrits d’Appien et de Dion Cassius, accompagnées de sources secondaires. Les élèves comparent ensuite ces récits avec une scène de la série télévisée « Rome », illustrant le même évènement historique. L’objectif est de déterminer quelle version historique a influencé cette représentation télévisuelle. Cette approche, explique-t-il, démontre le processus historique de synthèse des sources pour démêler les évènements réels des interprétations erronées.
Par ailleurs, le recours aux sources primaires évoque des émotions et des sentiments authentiques, offrant ainsi une immersion plus profonde dans la vie quotidienne de l’époque. Par exemple, elles mettent en lumière le statut des femmes durant l’Antiquité : un sujet fort pertinent dans son environnement scolaire surtout féminin. Face à ce type de documents, les élèves sont encouragées à approfondir leur compréhension d’un phénomène historique, souligne Thierry.
Engagement civique
Pour Thierry Desjardins, l’enseignement de l’histoire doit avant tout amener les élèves à réfléchir de manière critique sur les informations qu’elles rencontrent, en se questionnant, en analysant leurs sources et leurs intentions, afin de naviguer avec efficacité dans un monde saturé de renseignements biaisés.
Thierry Desjardins est convaincu que l’enseignement de l’histoire peut renforcer l’engagement civique de ses élèves. Il souligne l’importance de cultiver une pensée critique chez ces dernières afin de les amener à s’engager de manière éclairée et réfléchie dans leur vie citoyenne.
Son objectif principal est de les amener à développer un esprit critique face à l’information qu’elles reçoivent, que ce soit à travers une publicité ou tout autre message médiatique. Il aspire à ce que les élèves, avant de former une opinion, se posent des questions essentielles sur le contenu et la provenance de l’information. Selon lui, si ses élèves commencent à réfléchir de cette manière, il considère avoir accompli sa mission. L’objectif ultime de Thierry n’est pas tant que ses élèves retiennent des faits ou des dates, mais davantage qu’elles développent une pensée analytique qui leur permette de juger la pertinence et la fiabilité de l’information à laquelle elles sont exposées. Cette approche, selon lui, leur fournira une base solide pour naviguer dans un monde complexe et souvent saturé de renseignements trompeurs. Il observe des signes manifestes de cette réflexion critique en classe, en particulier à travers les commentaires et les questionnements de ses élèves.
Co-created by Thierry Desjardins and René Salem