Le jour d’après : mieux vivre en ces temps difficiles
Nyein Mya, candidate au doctorat, Université d’Ottawa
Les discussions et les échanges qui ont eu lieu lors des séances de la première journée ont fait ressortir ce que les auteurs de l’ouvrage collectif intitulé History Education in Troubled Times (L’enseignement de l’histoire en ces temps difficiles) ont cherché à mettre en avant face aux défis de l’enseignement de l’histoire : le plaisir est source de connaissance, la conversation est source d’apprentissage. C’est au deuxième jour de l’atelier que nous avons observé ce que nous avions supposé être les thèmes généraux de l’ouvrage, à savoir que les temps difficiles exigent une réflexion sur les modes d’existence, la sincérité, l’espoir et la réflexivité.

Valley of the Birdtail (photo de Nyein Mya).
Comme nous le rappellent Andrew Stobo Sniderman et Douglas Sanderson (Amo Binashii), conférenciers principaux de l’AESHO et auteurs de Valley of the Birdtail, le curriculum a longtemps été utilisé comme outil d’oppression et de répression. Et les écoles ont été et continuent d’être une force dominante dans le maintien de cette assimilation et de cet effacement. Mais cela ne doit pas empêcher ou paralyser le fait d’apprendre et de vivre de façon différente. Tout en nous souvenant et en ré/dés/apprenant l’histoire de l’héritage violent du Canada, qui est cruciale dans cette marche vers notre libération mutuelle, nous devons garder à l’esprit les sentiments exprimés par l’un des présentateurs : nous devrions commencer par les histoires et les identités qui font notre excellence en tant qu’individus et communautés.
Au cours des discussions entre les chercheurs du projet History Education in Troubled Times et les enseignants de la maternelle à la 12e année, une tension momentanée s’est fait sentir, fondée sur l’hypothèse que les chercheurs faciliteraient les discussions et que les enseignants se contenteraient de suivre. Mais ce sont plutôt les enseignants qui ont réfléchi, partagé, raconté et enquêté. Les frontières entre chercheurs et enseignants se sont estompées lorsque nous nous sommes assis en cercle, partageant des expériences et des anecdotes que nous avons vécues en classe et ailleurs. En d’autres mots, les différences que nous observons entre les chercheurs et les éducateurs sont une question de diplômes, alors qu’elles devraient être une question de nature, nos objectifs n’étant pas de nous diviser, mais de nous intégrer et d’aligner nos visions.
Cela donne tout son sens à l’affirmation selon laquelle l’histoire a toujours été et sera toujours une question de vie, et de la manière dont nous pouvons mieux vivre ensemble. Les interactions et les engagements de la deuxième journée démontrent comment cet ouvrage collectif reflète les temps difficiles et dangereux que nous traversons actuellement, et interpelle ceux qui sont en première ligne. Cela ne veut pas dire que les chercheurs ne sont pas eux-mêmes des enseignants expérimentés, ni que les enseignants ne sont pas des universitaires et des experts, mais plutôt que nous devons prendre conscience que nous avons tous un rôle à jouer dans cette aventure qui nous mène vers des paysages curriculaires multiples et uniques dans nos salles de classe et au-delà. En étant au cœur de ceux qui sont en première ligne de l’enseignement et de l’apprentissage, je suis témoin de l’espoir crucial que nous avons évoqué dans les chapitres de notre ouvrage et qui s’est concrétisé dans les enseignements et les apprentissages de la deuxième journée. Pour conclure, je tiens à rappeler que de nombreuses communautés ont toujours vécu et continuent de vivre des périodes tumultueuses, d’un océan à l’autre, de la mer à la terre et dans les airs. Mais c’est aussi dans le rassemblement de ceux qui vivent différemment que je vous offre cette consolation, que l’avenir – nos enfants – est entre de bonnes mains, celles des enseignants.

Le jour d’après, Université McMaster (photo de Nyein Mya).
Nyein Mya (elle/elle) est une candidate au doctorat et professeure à temps partiel à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. Elle est une immigrante de première génération dont la famille vit sur le territoire visé par le Traité no 6. Dans le cadre d’une approche fondée sur la citoyenneté en tant que traité, ses recherches doctorales explorent ce à quoi pourrait ressembler une éducation civique anticoloniale pour les enseignants et les nouveaux arrivants inscrits au programme CLIC ALS. Ses recherches portent notamment sur la réinvention de la citoyenneté canadienne, l’examen des expériences d’établissement et d’intégration, et l’exploration des identités des immigrants et des réfugiés dans les classes d’anglais, langue seconde.