Un engagement significatif : réflexions sur la communauté universitaire en ces temps difficiles
Mallory Davies, candidate au doctorat, Université de Waterloo
L’atelier History Education in Troubled Time (L’enseignement de l’histoire en ces temps difficiles) est arrivé à point nommé pour rencontrer des collègues et nous rappeler l’importance des communautés solidaires et de l’engagement significatif. Je reviens ici sur mon expérience du premier jour de l’atelier, auquel ont participé les auteurs des chapitres de l’ouvrage collectif. Dans cet ouvrage, l’expression « temps difficiles » désigne la nécessité de donner un sens aux
questions urgentes de notre époque en discutant de la manière d’enseigner et de comprendre le passé. Tous les
auteurs étaient chargés de lire au moins un chapitre et de faire part de leurs commentaires à son auteur. Nous devions également présenter notre propre chapitre et participer à la discussion sur nos idées.

Premier jour de l’atelier History Education in Troubled Times (photo de Sara Karn).
J’ai été profondément marquée par cet atelier et par l’occasion qui m’a été donnée d’échanger avec des collègues. En tant que candidate tardive au Ph. D., je travaille seule depuis sept mois. En sortant de ma bulle d’écriture pour participer à cet atelier, je me suis rappelé l’importance des interactions en personne et leur capacité à nous stimuler. Ces interactions m’ont permis d’obtenir des commentaires utiles, de bénéficier d’un environnement beaucoup plus intimiste et favorable que lors des conférences universitaires, et d’être encouragée dans mon travail en dehors de l’atelier. Mes réflexions sur cette fin de semaine d’atelier soulignent l’importance de la communauté universitaire.
Depuis avant la pandémie de COVID-19, la rétroaction sur les travaux universitaires prenait principalement la forme de suivis des modifications et de commentaires laissés par des pairs. La rétroaction numérique est souvent le moyen le plus simple de donner son avis, en particulier avec des collègues du monde entier. Dans le cadre de l’atelier, j’ai trouvé utile d’écouter les commentaires verbaux des autres auteurs et de leur rendre la pareille. Il était bénéfique d’entendre comment les autres percevaient notre travail, plutôt que de passer par des moyens numériques qui manquent parfois d’émotion, de contact ou de sens. Il était rafraîchissant de recueillir des commentaires encourageants, mais aussi de comprendre les aspects importants de notre analyse qui pouvaient nécessiter des éclaircissements et des améliorations. J’ai trouvé cette approche relationnelle de la rétroaction instructive et utile pour le processus d’évaluation par les pairs.
Outre la rétroaction verbale, j’ai trouvé qu’un atelier intimiste permettait de tisser des liens plus solides et offrait davantage de possibilités de mentorat avec des collègues, par rapport à d’autres occasions de réseautage telles que les conférences. Les conférences sont sans aucun doute un lieu important pour partager des travaux universitaires et rencontrer des collègues. Cependant, ces interactions sont trop souvent précipitées pendant la pause-café et les collations entre les séances. Dans ce cadre plus restreint, j’ai eu le sentiment de pouvoir avoir des conversations enrichissantes et d’écouter les différentes stratégies utilisées par mes collègues en classe et dans leurs propres écrits. Cela m’a été particulièrement utile, car j’envisageais d’apporter divers changements à mon style d’écriture et d’enseignement.
Mes conversations avec les collègues ont été encourageantes pour mes propres travaux de recherche en dehors de cet atelier. Mes collègues étaient curieux de savoir où j’en étais dans la rédaction de ma thèse. Je me souviens avoir ressenti de la gêne avant l’atelier, car je pensais avoir passé trop de temps sur mon travail, et j’appréhendais de parler de mon retard à mes pairs. Cependant, j’ai été encouragée et soutenue, et j’ai reçu de nombreuses suggestions pour m’aider à naviguer dans les eaux troubles de l’écriture. Après cette conférence, j’étais très motivée pour me remettre au travail et mettre en œuvre de nouvelles idées et stratégies. Cela m’a également rendue plus humble de discuter et d’échanger avec des universitaires sur le terrain qui ont fait part de leurs propres expériences difficiles en matière d’écriture.
L’atelier Troubled Times est arrivé à un moment crucial, alors que je me désengageais de mes propres processus d’écriture et de recherche. Je ne m’attendais pas à être aussi profondément touchée par cette expérience, mais à la fin de l’atelier, je me suis sentie beaucoup plus songeuse et inspirée. En tant que candidate au doctorat, cet atelier m’a rappelé avec force l’importance d’interactions significatives avec les collègues et amis, et combien d’universitaires sont prêts à se soutenir mutuellement par des critiques et des suggestions bienveillantes.
Mallory Davies est candidate au doctorat dans le Tri-University History Graduate Program de l’Université de Waterloo. Sa thèse porte sur l’histoire de l’enseignement pour les mères adolescentes à Calgary, en Alberta, et plus largement au Canada. Mallory est assistante à la recherche dans le cadre du projet « Penser historiquement pour l’avenir du Canada », où elle s’intéresse à la pensée historique et à l’engagement civique. Ses recherches portent notamment sur l’histoire de l’enseignement, le genre et la sexualité, la justice reproductive, ainsi que l’histoire et l’éducation civique.