Relier le passé, le présent et l’avenir : réflexions critiques en ces temps difficiles

Keeley Friar, doctorante, Université Trent

L’atelier History Education in Troubled Times (L’enseignement de l’histoire en ces temps difficiles) a été une occasion enrichissante d’apprendre des auteurs du prochain ouvrage collectif, nourrissant ma réflexion sur le caractère essentiel de l’enseignement de l’histoire qui remet en question, stimule et englobe les processus par lesquels nous acquérons des connaissances. Dans cet ouvrage collectif, je co-écris un chapitre avec Sara Karn et Jackson Pind intitulé « Teaching histories of Indigenous women, girls, and 2SLGBTQQIA people: A relational approach to historical empathy. » (Enseigner l’histoire des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQQIA autochtones : une approche relationnelle de l’empathie historique). Le premier jour de l’atelier, nous avons écouté les autres auteurs et participé à des discussions sur de nombreux thèmes, notamment la réflexivité dans l’enseignement de l’histoire et la manière dont les modes de connaissance autochtones peuvent éclairer nos approches et nos objectifs.

Un thème m’a particulièrement interpellée : l’imbrication et l’interconnexion entre le passé, le présent et l’avenir comme fondement d’une meilleure compréhension et d’une meilleure mise en œuvre de l’enseignement de l’histoire. Forte de mon expérience dans l’enseignement autochtone et en tant que membre de la Première Nation Hiawatha, je suis attirée par ce travail qui montre à quel point les perspectives et les modes de connaissance autochtones sont essentiels à tout engagement dans l’apprentissage de l’histoire et au-delà. En écoutant ces réflexions et en y réfléchissant, j’ai été inspirée par les façons dont nous pouvons conceptualiser et concrétiser l’apprentissage de l’histoire selon une approche holistique et à multiples facettes.

Les discussions sur le curriculum qui ont eu lieu tout au long de l’atelier m’ont amenée à réfléchir davantage à la présence et au potentiel de ce thème de l’interconnectivité entre le passé, le présent et l’avenir dans l’enseignement de l’histoire en Ontario, en particulier. Dans le curriculum Études canadiennes et mondiales, le ministère de l’Éducation de l’Ontario (2018) décrit comment l’enseignement de l’histoire « satisfait… notre intérêt pour les récits historiques. La narration historique nous informe sur les peuples, les événements, les émotions, les luttes et les défis qui ont produit le présent et qui façonneront l’avenir » (p. 117). Dans le but d’apprendre l’histoire au-delà d’un format purement linéaire, les récits nous invitent à réfléchir à notre implication aujourd’hui, alors que nous établissons des liens avec les expériences de ceux qui nous ont précédés. Cet apprentissage démontre pourquoi ces liens entre le passé, le présent et l’avenir sont essentiels à l’enseignement de l’histoire. Lorsque nous faisons face à des temps difficiles, le fait de nous concentrer sur le passé, le présent et l’avenir à travers des récits et des narrations nous permet de nous appuyer sur les fondements de la relationnalité et de la connectivité.

De plus, le curriculum de l’Ontario indique que « L’intégration des questions d’actualité au programme-cadre d’études canadiennes et mondiales contribue à faire de ce document une ressource pertinente et vivante. » (p. 40). Les appels à la justice du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019) soulignent l’importance d’apprendre à partir des contextes historiques et contemporains. Il est essentiel de réfléchir aux récits qui ont été racontés sur le territoire et à ceux qui les ont racontés afin de nous intéresser à notre histoire, à notre vie actuelle et à notre avenir. Cette réflexion donne lieu à des discussions critiques sur les implications pour les éducateurs, autre thème récurrent de l’atelier et de l’ouvrage collectif. À la suite de l’atelier, je m’interroge sur la valeur et les possibilités des enseignants en tant que co-apprenants dans ces efforts. Les discussions m’ont également amenée à réfléchir à l’histoire comme quelque chose de vivant, y compris notre propre histoire, celle de ceux qui nous entourent et celle de la terre. Cette importance accordée à l’apprentissage mutuel et à l’apprentissage de la terre est donc essentielle pour l’enseignement de l’histoire.

Les discussions de l’atelier, notamment sur le thème du passé, du présent et de l’avenir, ont donné lieu à d’autres réflexions critiques qui ont enrichi ma perspective en tant qu’éducatrice et étudiante diplômée. Ces connaissances sont précieuses pour intéresser les élèves à l’enseignement de l’histoire et souligner les liens avec notre vie actuelle, y compris les conversations urgentes sur la vérité et la réconciliation et la manière dont nous pouvons vivre en harmonie avec la terre. Notre discussion du projet « Honorer et Respecter: Dons des femmes Michi Saagiig au prince de Galles, 1860 », au sein de notre section et à l’atelier, a souligné l’importance de s’intéresser aux récits et au travail des femmes autochtones dans l’enseignement de l’histoire. La possibilité d’aborder des idées sur l’enseignement de l’histoire qui mettent l’accent sur les voix des peuples autochtones est un élément crucial de ce travail.

Participants virtuels à l’atelier (Photo de Kristina R. Llewellyn).

Mon expérience avec l’atelier  History Education in Troubled Times, ainsi que la co-rédaction d’un chapitre sur l’enseignement de l’histoire des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQQIA autochtones pour cet ouvrage collectif, m’ont permis d’enrichir ma compréhension des rôles et des responsabilités de l’enseignement de l’histoire. Les idées partagées peuvent favoriser un engagement significatif de la part des éducateurs et de toutes les personnes impliquées dans l’enseignement de l’histoire qui aborde l’actualité avec un examen critique et une réflexion approfondie sur le passé.

Keeley Friar est doctorante à la Chanie Wenjack School for Indigenous Studies de l’Université Trent. Elle est titulaire d’une maîtrise en éducation et d’un baccalauréat en éducation autochtone de l’Université Trent et est certifiée par l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario. Keeley est membre de la Première Nation Hiawatha.