Dominique Laperle,
Enseignant d’histoire
Dominique Laperle est enseignant en Histoire du Québec et Canada au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, situé à Outremont, Québec. Il enseigne principalement des cours aux élèves de Secondaire III à V (9e, 10e et 11e années). Le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie est une école privée ayant une histoire de plus de 120 ans. Initialement une école religieuse, il est maintenant géré par une corporation laïque sans but lucratif. L’école se trouve dans une banlieue cossue de Montréal et fait partie du réseau privé des écoles secondaires du Québec. L’arrondissement est considéré très aisé avec une composition ethnique variée, incluant une majorité de la communauté québécoise ou canadienne-française, un noyau anglophone, et une forte présence de la communauté juive hassidique. L’école accueille uniquement des filles, avec environ 1 250 élèves, et propose un profil académique enrichi ainsi qu’un programme arts études en partenariat avec le ministère des Affaires culturelles. Le milieu scolaire est diversifié, avec 70 à 80 % des élèves nés au Québec et une majorité ayant des parents nés à l’étranger.
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Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie
Outremont, Québec
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Savoirs autochtones
Dominique Laperle met en avant l’importance d’intégrer les savoirs autochtones dans le curriculum scolaire malgré les défis contextuels et démographiques.
Lors d’un atelier avec l’Association histoire Canada à Winnipeg, Dominique Laperle a été inspiré par une présentation de la fondation vérité et réconciliation basée sur des documents démographiques. Ce travail l’a amené à réfléchir sur les différences entre les communautés anglophones et francophones en ce qui concerne la connaissance des traités et des territoires autochtones. « Ils ont fait leur présentation en disant à quel territoire ils appartiennent, quel territoire non concédé », explique-t-il, une pratique encore rare chez les francophones.
En enseignant à Montréal, il souligne les enjeux d’identification territoriale, notamment avec les revendications des Mohawks et d’autres nations. « Là où c’est plus compliqué, c’est quand, dans les témoignages, il y a l’emploi de termes connotés », dit-il, faisant référence au terme « génocide » et à ses différentes interprétations. Pour éviter les tensions, Laperle et son équipe choisissent un vocabulaire précis et sensibilisent les élèves à l’exploitation et aux mauvais traitements subis par les Autochtones, y compris les pensionnats.
Le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie inclut également des projets interdisciplinaires, notamment en littérature, avec des œuvres de Naomi Kanapé Fontaine et le roman « Kukum ». Depuis cinq ans, ils invitent le groupe d’artistes autochtones Buffalo Hat Singers pour enrichir l’expérience culturelle des élèves. « C’est vraiment important d’avoir ce contact plus clair avec cette identité-là », affirme Laperle, cherchant à déconstruire les stéréotypes et à promouvoir une décolonisation des principes à travers l’éducation.
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Programme d’études et ressources
Dominique Laperle met en lumière les forces et les défis du curriculum québécois en soulignant l’importance de la diversité des ressources et des compétences.
Laperle souligne l’importance de l’engagement actif des élèves dans l’apprentissage grâce à l’utilisation de diverses technologies et ressources en ligne. Il explique que « nous avons accès à des technologies, notamment la tablette, et à des abonnements en ligne pour divers contenus multimédias, » permettant une diversification des méthodes d’enseignement. Cette approche contraste avec l’enseignement magistral, rendant les cours plus dynamiques et engageants pour les élèves.
Il insiste sur la valeur du curriculum québécois, qui met l’accent sur les compétences plutôt que sur les simples connaissances. Laperle souligne : « Ce n’est pas vrai que le programme n’enseigne plus de faits historiques. Pour démontrer des compétences, il faut des faits. » Ce changement de paradigme, introduit avec la réforme de 2008, favorise une approche plus analytique de l’histoire, en se concentrant sur l’organisation, la lecture, et l’analyse de documents historiques.
Toutefois, Laperle reconnaît que le curriculum n’est pas parfait et qu’il suscite des débats, notamment en raison de sa posture idéologique. Pour surmonter ces défis, Laperle utilise des projets comparatifs pour connecter les élèves à des contextes internationaux similaires. Un exemple notable est son projet sur la crise d’Octobre, où les élèves comparent la situation des Canadiens français avec celle des Afro-américains pendant la même période. Cette méthode permet aux élèves de voir les parallèles historiques et de comprendre les luttes de différentes communautés à travers le monde, enrichissant ainsi leur perspective et leur sentiment d’appartenance. « Cela permet vraiment d’arriver à une meilleure intégration de l’école québécoise grâce à une intégration aussi de la comparaison internationale, » conclut-il.
Cocréé par Dominique Laperle et Gabriel Masi