Jacqueline Robichaud,
Enseignante d’histoire

Jacqueline Robichaud enseigne l’Histoire du Canada à l’École Ste-Anne de Fredericton du District scolaire francophone sud au Nouveau-Brunswick, seule école secondaire francophone de la région de la capitale provinciale. Cette dernière offre des cursus scolaires allant de la sixième à la douzième année à une clientèle qui n’a pas toujours le français comme langue maternelle. L’un des plus grands défis de ce milieu anglo-dominant réside donc, pour Madame Robichaud, dans le fait qu’elle doive s’attarder aux défis linguistiques de ses élèves en créant, notamment, des activités de vocabulaire comme des murs de mots ou des schémas afin de les aider à surmonter ces difficultés. Une autre complexité de l’enseignement en milieu minoritaire consiste à se procurer des ressources francophones en histoire, comme entre autres, pour l’étude des sources primaires. C’est pourquoi Mme Robichaud fournit des efforts additionnels afin de s’assurer que les cours d’histoire ne deviennent pas une source d’anglicisation.

École Ste-Anne
Fredericton, Nouveau-Brunswick

Lieu historique international de l’Ile Ste-Croix, Maine, EU. Cette image a été fournie par Jacqueline Robichaud.

L’enseignement et l’apprentissage

Jacqueline Robichaud aime les enquêtes dans lesquelles les élèves répondent à une question en se servant des concepts de la pensée historique. Comme avec l’étude de l’arrivée des premiers Européens, à la suite de l’écoute du film 1604 de Renée Blanchar ainsi que la visite virtuelle du lieu historique international de l’Île Ste-Croix, les élèves se questionnent à savoir si cette île était un bon choix pour l’équipage de Pierre Duga de Mons en 1604. Jacqueline croit que de travailler à partir du processus d’enquête en utilisant le concept du jugement éthique amène les élèves à utiliser leurs compétences transversales et permet une interdisciplinarité et une transdisciplinarité avec le cours de français, ce qu’adore Mme Robichaud !

Ainsi, tout au long de l’année, ses élèves créent une ligne du temps géante afin de « travailler la pertinence historique, la continuité et le changement, les causes et les conséquences ainsi que le jugement éthique ». Les élèves doivent alors « arriver à un consensus au sein de leur équipe en positionnant leurs événements comme un gain ou une perte et justifier leur choix à la classe ». Les élèves apprécient cette activité, ils et elles discutent avec passion : « Qu’est-ce qu’on met sur la ligne du temps ? Est-ce une perte ? Un gain ? Et pour qui ? » Ils sont tellement beaux à voir et souvent cela soulève de belles discussions en français, ce qui est merveilleux puisque l’oralité est une composante importante de l’enseignement en contexte minoritaire.

Cette image a été fournie par Jacqueline Robichaud

Savoirs autochtones

Mme Robichaud favorise l’enseignement de l’histoire des minorités, « des histoires que l’on n’étudie jamais ! C’est surtout à travers elles que je vais enseigner le curriculum, en me concentrant sur les minorités dans l’histoire du Canada ». Plus particulièrement, l’« autochtonie » demeure au cœur de son enseignement. Comme elle le dit, « j’ai le plus grand respect pour ces peuples-là et je tente de leur faire la plus grande place possible dans mon enseignement ».

L’école étant située à proximité de communautés autochtones sur des territoires non-cédés, Madame Robichaud fait preuve de créativité en se servant de cette situation pour enseigner les relations entre les peuples et les traités. Mme Robichaud estime que ses élèves autochtones amènent une richesse inestimable à ses cours et deviennent « le lien entre moi et la communauté dans laquelle ils vivent ».  Elle les encourage à passer du temps avec leurs aînés pour en apprendre davantage sur leur histoire et à la partager avec la classe. 

De plus, il est important pour Mme Robichaud que ses élèves sachent où se situent les communautés autochtones : « Dans le cadre d’une enquête historique, on a une carte interactive en classe puis, chaque élève doit savoir où se situe chaque peuple autochtone, chaque territoire autochtone avant et après l’arrivée des Européens ». Cette leçon est un exemple parmi tant d’autres qui démontre comment Mme Robichaud permet aux jeunes de réfléchir aux expériences historiques des minorités dans la société canadienne. 

Cette image a été fournie par Jacqueline Robichaud

Programme d’études et ressources

Jacqueline aime intégrer l’actualité dans son cours afin de démontrer aux élèves l’utilité de l’histoire, le fait qu’on la retrouve partout et souvent même très près de nous. En 2016, débuta, à Fredericton, la construction d’un Centre des congrès et lors des premières pelletés de terre, on y trouva, entre autres choses, des barils dans lesquels étaient empilés des morceaux de vaisselle datant de l’époque des Loyalistes. Cette nouvelle locale l’intéressa immédiatement. Comme elle ne pouvait pas amener ses élèves sur le site, elle amena le site en classe à l’aide de photos et de vidéos et une autre activité d’enquête utilisant les concepts de la pensée historique est née dans la classe de Mme Robichaud venant enrichir, du même coup, la ligne du temps et la carte interactive. Cette fois-ci, les élèves avaient à répondre à la question à savoir si on devait ou non conserver ces objets. Cette enquête permet aux élèves d’approfondir leurs connaissances à propos des Loyalistes, de comprendre l’impact de leur arrivée sur les minorités des colonies à cette époque et aujourd’hui dans la province, mais également, et c’est ce qui est le plus important pour Jacqueline, de démontrer aux élèves l’importance et l’utilité de l’histoire dans la vie quotidienne.

La passion de Mme Robichaud pour l’enseignement de l’histoire est palpable. Elle explique combien elle adore « voir ses élèves arriver en histoire souriants, contents :  Madame, qu’est-ce qu’on fait ? De quoi va-t-on parler aujourd’hui ? Puis ça, c’est le plus beau cadeau que je peux recevoir ».